Plusieurs membres de la hiérarchie de l'ancienne Armée de Libération du Kosovo (UCK) seront poursuivis pour crimes contre l'humanité et trafic d'organes devant le tribunal international chargé de juger les crimes de guerre commis pendant le conflit serbo-kosovar. L'annonce a été faite à Bruxelles par le procureur responsable de l'enquête internationale.
"Les individus poursuivis étaient tout en haut de la hiérarchie militaire de l'UCK", a précisé le procureur américain Clint Williamson au cours d'une conférence de presse à l'occasion de la fin de son mandat.
Le Premier ministre kosovar Hashim Thaçi était le chef de la guérilla indépendantiste kosovare pendant le conflit. Il a été mis en cause par le rapporteur du Conseil de l'Europe Dick Marty.
M. Williamson a tenu à préciser que la partie de l'enquête sur un trafic d'organes prélevés sur les victimes du conflit portait sur "moins de dix cas".
L'enquête menée par les services dirigés par le procureur Williamson a porté sur 500 personnes tuées et 300 personnes portées disparues. "Il s'agit de Serbes, de Roms et d'Albanais du Kosovo", a-t-il précisé. Clint Williamson a confié que des pressions ont été exercées pour "intimider ou influencer les témoins".
A Belgrade, le procureur serbe pour crimes de guerre, Vladimir Vukcevic, a salué le rapport, affirmant qu'il représentait une "satisfaction pour les victimes et une grande contribution à la justice internationale".
"Il en ressort indubitablement que des crimes de guerre ont été commis et on verra bien s'il y a eu un trafic d'organes", a déclaré M. Vukcevic.
A Pristina, le gouvernement kosovar dirigé par M. Thaçi dit "avoir pris en considération la déclaration" de M. Williamson. Il assure qu'il continuera à coopérer avec les enquêteurs internationaux jusqu'à la fin des travaux.
L'enquête internationale est une "étape importante pour déterminer une potentielle responsabilité individuelle et mettre fin à des accusations infondées", lit-on dans un communiqué.
Le tribunal international pour les crimes de guerre commis au Kosovo doit encore être mis en place. "Un Etat a dit être prêt à l'accueillir, mais les négociations sont encore en cours", a-t-il indiqué. Il sera composé de procureurs, de magistrats et de juristes internationaux.
Le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie ne peut se charger de ces procès car sa compétence a été limitée aux crimes commis pendant le conflit armé. Or les crimes au Kosovo ont été commis après l'accord conclu en juin 1999 et le retrait des forces serbes du Kosovo, a-t-il expliqué.
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