L'accord sur les migrants conclu entre l'UE et la Turquie traverse un moment très dangereux, a estimé mercredi le ministre turc aux Affaires européennes, Volkan Bozkir, lors d'une visite au Parlement européen à Strasbourg.
Tous les accords que nous avons conclus jusqu'à présent, basés sur la confiance, la bonne volonté, la responsabilité et la prise de risques politiques, font face à un moment très dangereux, a estimé M. Bozkir devant la presse, en référence notamment aux exigences européennes pour accorder une exemption de visas aux Turcs dans l'espace Schengen.
La Commission européenne a ouvert la voie le 4 mai à cette exemption, dont Ankara a fait une condition pour continuer d'appliquer son accord migratoire controversé avec l'UE.
Mais elle a assorti son avis favorable de réserves, estimant qu'Ankara devait encore remplir cinq critères parmi les 72 fixés pour l'obtenir, dont une révision de sa législation antiterroriste, au champ trop large selon Bruxelles.
Le Parlement européen, ainsi que les Etats membres, devront donner leur aval à l'exemption de visas, une fois qu'Ankara aura rempli tous les critères.
Ce changement dans la loi antiterroriste est complètement impossible, a prévenu M. Bozkir, insistant sur le fait que son pays devait faire face au terrorisme du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) et avait subi récemment au moins cinq attentats suicide.
Nous pensons que notre législation (antiterroriste) est conforme aux standards européens, a-t-il également souligné, estimant que la Turquie avait travaillé très dur pour respecter les critères posés par l'UE, en référence à la question des visas.
Pour le ministre turc, le constat d'un respect des critères européens n'est pas un problème mathématique, mais un problème politique. L'interprétation politique est importante. Notre interprétation, c'est que nous avons satisfait suffisamment aux attentes, a-t-il dit.
M. Bozkir s'exprimait devant la presse à l'issue d'une rencontre avec le président du Parlement européen, Martin Schulz, qui a décidé de ne pas encore transmettre à l'examen des eurodéputés la proposition législative d'exemption des visas pour les Turcs. Car de notre point de vue, la Turquie n'a pas rempli ses obligations, a souligné M. Schulz.
Nous avons l'impression que certaines mesures (de la loi antiterroriste turque) (...) s'en prennent à la liberté d'expression et des médias, a notamment souligné le président du Parlement, à qui M. Bozkir a rétorqué que la question de la liberté de la presse n'a jamais fait partie de l'accord UE-Turquie sur la libéralisation des visas.
Dans ce domaine, la Turquie est prête à entendre les critiques, mais seulement si elle a le sentiment d'être incluse dans la famille de l'UE, a dit le ministre turc.
Le commissaire européen Dimitris Avramopoulos a lui estimé devant les eurodéputés qu'il fallait rester optimiste sur la capacité des autorités turques à respecter rapidement tous les critères européens pour une exemption de visas. Il a cité non seulement l'évolution de leur législation sur le terrorisme, mais aussi sur la protection des données personnelles ou encore contre la corruption.
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