Russie : Poutine va s'adresser à la population

Vladimir Poutine va s'adresser mercredi à la nation en lien avec l'avancée de l'épidémie du coronavirus, un exercice rare intervenant après que Moscou a admis ne pas avoir une "image claire" de la situation en Russie.

"C'est une nécessité qui est apparue après une réunion de plusieurs heures hier (...) du fait de la situation pas simple provoquée par le coronavirus", a dit le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, lors d'un briefing téléphonique avec des journalistes. "Le discours sera transmis à la télévision dans les heures à venir", a-t-il dit.

Le dernier discours de ce type de M. Poutine remonte à l'été 2018 et traitait d'une réforme décriée du système de retraite qui avait mis à mal sa popularité. Autrement, le président ne fait traditionnellement qu'un discours télévisé par an, le 31 décembre pour présenter ses voeux au pays.

M. Poutine a jusqu'ici souligné que la situation était "sous-contrôle" en Russie, grâce à la multiplication de mesures très tôt, comme la fermeture de la longue frontière avec la Chine. Aucune ville russe, pas même Moscou où le plus grand nombre de cas a été recensé, n'a mis en place de confinement général de sa population, comme ailleurs dans le monde, de l'Inde à la France.

Les autorités moscovites ont même démenti à plusieurs reprises préparer des mesures de ce type.
L'économie du pays a par ailleurs été fortement touchée par la crise mondiale provoquée par la pandémie, en raison en particulier de la chute du prix du brut et par ricochet de celle du rouble. 

Le nombre de cas officiellement établis en Russie n'a cessé lui d'augmenter rapidement, même s'il reste encore faible par rapport à l'Europe occidentale. De 495 patients répertoriés mardi, la Russie est passée à 658 mercredi. 

L'annonce du discours de M. Poutine intervient au lendemain d'une réunion avec le gouvernement, de la visite de l'hôpital de Komounarka, le principal établissement moscovite accueillant des malades du Covid-19, et d'une rencontre avec le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, en charge d'une cellule de crise anti-coronavirus. Ce dernier avait admis mardi que la Russie n'avait pas une "image claire" de l'ampleur des contaminations dans le pays.

"Le problème est que le volume des tests est très faible, et personne n'a une image claire" de la réalité en Russie et dans le monde, avait-il dit au président russe, dont il est un proche. L'édile avait aussi relevé que le nombre de cas à Moscou, principal foyer de la maladie en Russie, était sous-estimé et qu'il empirait rapidement. "C'est une dynamique élevée, c'est une situation sérieuse qui est en train de se développer", avait encore dit M. Sobianine au président russe.

Le médecin-chef de l'hôpital de Komounarka Denis Protsenko avait lui indiqué à M. Poutine craindre un "scénario italien" dans la capitale russe, référence à la gravité de la situation en Italie où le nouveau coronavirus a fait plus de 6.000 morts.

Signe que la Russie craint une aggravation de la situation après des jours à mettre en avant les succès de sa politique de santé publique, M. Peskov a aussi reconnu pour la première fois mercredi qu'il était désormais question d'annuler la grande parade militaire du 9 mai. Celle-ci doit marquer les 75 ans de la victoire sur les nazis, un événement devant célébrer la grandeur de la Russie devant un parterre de dirigeants étrangers.

"La question est discutée, pour le moment aucune décision n'a été prise (...) il faudra trancher en fonction de la situation épidémiologique", a-t-il dit.