L'homme fort de la gauche au pouvoir en Roumanie Liviu Dragnea a remporté une victoire vendredi en étant confirmé à une écrasante majorité à la tête de son Parti social-démocrate (PSD) après avoir été contesté par plusieurs poids-lourds de la majorité qui demandaient sa démission.
Cinquante-cinq membres des instances dirigeantes du PSD ont voté pour son maintien à la tête de cette formation, contre huit qui ont souhaité son départ, selon le secrétaire général Codrin Stefanescu.
"Mes collègues de nombreux départements m'ont exhorté à ne pas quitter mes fonctions", a déclaré M. Dragnea à l'issue d'une réunion exceptionnelle à Bucarest.
Confronté à une fronde montante, cet ingénieur de formation âgé de 55 ans avait auparavant mené des négociations ardues avec des chefs de fédérations locaux encore indécis, leur promettant des postes dans l'administration en échange de leur soutien, selon les médias.
Trois hauts responsables du PSD avaient rendu publique mercredi une lettre appelant M. Dragnea à démissionner, estimant qu'il était devenu un élément de "vulnérabilité" pour ce parti en raison d'une condamnation en première instance en juin à trois ans et demi de prison dans une affaire d'emplois fictifs.
Ce dernier a toutefois rejeté cette allégation, assurant qu'il continuerait à "lutter contre le système odieux", formé selon lui de procureurs et d'agents des services secrets, qui fabriquerait des dossiers politiques contre les responsables de la majorité.
Les frondeurs lui avaient également reproché des décisions "discrétionnaires", dont la nomination de trois Premiers ministres successifs en l'espace de 13 mois, sans consultations au sein du parti ou encore de n'être pas parvenu à "expliquer le bien-fondé" d'une réforme de la justice qui a valu à la Roumanie de nombreuses critiques internationales.
Le PSD, héritier de l'ancien parti communiste au pouvoir jusqu'à la chute du Rideau de fer, est revenu au pouvoir fin 2016, sous la houlette de M. Dragnea.
Ce dernier n'a pas pu briguer le poste de Premier ministre en raison d'une condamnation antérieure pour fraude électorale, mais est considéré comme le véritable chef du gouvernement social-démocrate, dont la Première ministre est un de ses fidèles.
Son ascendant sur le parti n'avait auparavant jamais été remis en cause publiquement en dépit des nombreuses turbulences traversées par le gouvernement depuis un an et demi.
Une vaste refonte de la justice, entamée par la majorité de gauche en janvier 2017 et critiquée par Bruxelles, a notamment suscité une vague de contestation sans précédent en Roumanie depuis la chute du régime communiste, fin 1989, entraînant une forte baisse de la cote de popularité des sociaux-démocrates.
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