Le président proeuropéen sortant Klaus Iohannis est donné largement favori du premier tour des élections en Roumanie dimanche, incarnant un nouvel exemple de mobilisation des libéraux face au nationalisme en Europe.
Trente ans après la chute du communisme, ce sexagénaire du parti libéral (PNL), issu de la minorité allemande, a axé sa campagne pour la présidentielle sur la défense de l’Etat de droit, à l’image de la militante anticorruption Zuzana Caputova, élue en mars à la fonction suprême en Slovaquie.
En Hongrie, Gergely Karacsony a également arraché la municipalité de Budapest début octobre en rassemblant l’opposition au chef du gouvernement Viktor Orban sur les valeurs progressistes.
La Roumanie s’est nettement moins teintée de souverainisme que la Hongrie ou la Pologne.
Mais selon M. Iohannis, la démocratie y serait tout de même bafouée par sa concurrente sociale démocrate (PSD) Viorica Dancila, 55 ans, une ancienne première ministre.
Depuis son retour au pouvoir en 2016, le PSD est accusé par Bruxelles d’avoir tenté de museler la justice. Il s’est présenté comme le défenseur des intérêts nationaux contre les institutions communautaires.
« Mais on sait depuis les Européennes ce que les électeurs pensent de ces changements », soulignent Manfred Sapper et Volker Weichsel, dans le dernier numéro de la revue allemande Osteuropa.
« Tandis que les partis au pouvoir en Pologne et en Hongrie ont gagné après une campagne anti-Bruxelles, les Roumains ont eux sanctionné leur gouvernement et ont envoyé un signal proeuropéen, » écrivent-ils.
Après cela, Mme Dancila a été renversée par le parlement.
M. Iohannis, élu une première fois en 2014, est quasiment assuré d’ancrer cette tendance en remportant un second mandat de cinq ans, à l’issue du second tour, prévu le 24 novembre.
Vendredi, au dernier jour de la campagne, cet ancien professeur de physique a une nouvelle fois appelé à voter contre la gauche, héritière de l’ancien système ayant dominé la vie politique depuis 1989 et accusée de corruption.
Les voix de la diaspora sont pour la plupart acquises au camp libéral et le réseau diplomatique a installé dès vendredi trois fois plus de bureaux de vote que lors du précédent scrutin.
Plus de 200.000 émigrés avaient déjà exprimé leur suffrage samedi à la mi-journée, un record pour le premier tour d’un scrutin présidentiel.
Est-ce la fin d’une ère? Pour la première fois en tout cas depuis le retour du multipartisme, le PSD, à la base électorale plutôt rurale et âgée, n’est pas assuré d’être présent au second tour.
La deuxième place devrait se jouer entre Viorica Dancila et Dan Barna, 44 ans, représentant d’un jeune parti pro-européen (USR), selon les sondages.
Au total, 14 candidats se disputeront les voix des 18,2 millions d’électeurs. Les bureaux de vote ouvriront dimanche à 07h00 (05H00 GMT) et fermeront à 21H00 (19H00 GMT). Deux sondages à la sortie des urnes seront diffusés aussitôt.
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