Le Kosovo a suspendu mercredi la mise en oeuvre de l'accord historique censé normaliser ses relations avec la Serbie conclu sous la houlette de l'UE, au lendemain du rejet de sa candidature à l'Unesco sous la pression de de Belgrade.
La Cour constitutionnelle du Kosovo a suspendu la mise en oeuvre de tout acte juridique concernant l'Association des municipalités serbes dont la création est considérée comme cruciale par Belgrade, indique-t-on dans un communiqué.
Il s'agit d'une mesure provisoire, ajoute le communiqué, en attendant une décision finale de la Cour.
A Belgrade, le ministre des Affaires étrangères Ivica Dacic a aussitôt vivement condamné la décision de la justice kosovare qu'il qualifiée de cas sans précédent de mépris d'un accord conclu en présence de l'UE, et qui menace la stabilité régionale.
Pristina se moque de la communauté internationale et de l'Union européen car la possibilité de suspendre l'accord de Bruxelles n'existe pas. La balle est dans le camp de l'UE et des États-Unis, a déclaré M. Dacic dans un communiqué.
La Cour avait été saisie fin octobre par la présidente kosovare Atifete Jahjaga, après que l'opposition kosovare eut ces dernières semaines violemment réclamé l'abandon des accords conclus à Bruxelles.
L'opposition estime que ces accords approfondissent les divisions ethniques et renforcent la présence de la Serbie au Kosovo, majoritairement peuplé d'Albanais de confession musulmane. Elle avait bloqué à plusieurs reprises les travaux du parlement à coup de gaz lacrymogène.
Conclu en 2013 sous la houlette de Bruxelles, cet accord qui a été suivi par d'autres progrès, a néanmoins permis aux anciens ennemis de se rapprocher de l'Union européenne qu'ils souhaitent intégrer à terme.
La Cour constitutionnelle dispose d'un délai de 60 jours pour se prononcer. La mise en oeuvre de cet accord devait en principe s'achever d'ici la fin de l'année.
Lundi, le Kosovo, ancienne province serbe qui a déclaré unilatéralement son indépendance en 2008 (environ 1,8 million d'habitants), a échoué de peu à devenir membre de l'Unesco. Pour Pristina, il s'agit d'un revers dans sa volonté d'obtenir une reconnaissance internationale. En revanche, ce dénouement est qualifié de victoire par Belgrade.
Les progrès enregistrés dans la normalisation des relations entre la Serbie et le Kosovo avaient permis à Belgrade de se voir promettre en janvier 2014 l'ouverture de ses négociations d'adhésion à l'UE, qui n'ont néanmoins pas encore démarré.
Pristina a, de son côté, signé en octobre à Strasbourg un accord de stabilisation et d'association, première étape sur le long chemin de l'adhésion.
En dépit de ces progrès, les deux anciens ennemis, encore marqués par le conflit sanglant de 1998-99, continuent d'entretenir des relations difficiles, Belgrade refusant de reconnaître l'indépendance du Kosovo reconnue à ce jour par une centaine d'États, dont les États-Unis et 23 des 28 pays membres de l'UE.
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