Le président conservateur polonais Andrzej Duda a condamné lundi les accents nationalistes, xénophobes et antisémites d'une marche spectaculaire à Varsovie organisée samedi par l'extrême droite à l'occasion de la Fête de l'Indépendance.
Les images de ce rassemblement de plusieurs dizaines de milliers de personnes, avec des explosions de pétards, des fumées colorées de torches fumigènes et des slogans violents ont provoqué une vague de commentaires critiques, y compris dans des médias étrangers, certains dénonçant une "marche fasciste".
Le ministère israélien des Affaires étrangères et le Comité juif américain ont appelé les autorités polonaises à "agir" à la suite de ce rassemblement, "utilisé pour propager des slogans des partisans de la suprématie de la race blanche et de la rhétorique néonazie", selon un communiqué de CJA.
Lundi, au cours d'un déplacement dans le sud de la Pologne, M. Duda a déploré la présence de "bannières apportées par des personnes irresponsables, dont le message est inacceptable pour toute personne honnête en Pologne, parce qu'on ne peut pas mettre un signe d'égalité entre le patriotisme et le nationalisme".
"Dans notre pays, il n'y a ni place ni accord pour la xénophobie, pour un nationalisme maladif, pour l'antisémitisme", a tonné le président.
Le chef du parti conservateur nationaliste au pouvoir Droit et Justice (PiS), Jaroslaw Kaczynski, a déclaré de son côté que parler de "60.000 nazis" dans les rues de Varsovie, comme ont fait certains commentateurs, c'est "insulter des gens honnêtes, même si il y a eu des incidents extrêmement malheureux et absolument inadmissibles".
"C'était une marge d'une marge", a-t-il affirmé à la télévision publique TVP Info.
M. Kaczynski n'a pas exclu une "provocation" de "ceux qui veulent nuire à la Pologne", sans préciser qui il visait.
Quelques heures plus tôt, la porte-parole du PiS, Beata Mazurek, avait souligné que son parti avait célébré la Fête de l'Indépendance dans une autre ville (à Cracovie) et n'avait pas participé officiellement à la marche à Varsovie organisée par un mouvement d'extrême droite, la Jeunesse de la Grande Pologne.
Samedi, des jeunes gens vêtus de noir, mais aussi des familles avec des poussettes et des personnes âgées, ont marché en rangs serrés sur quelque trois kilomètres dans le centre de Varsovie sous une forêt de drapeaux polonais.
Le mot d'ordre officiel était "Nous voulons Dieu !", une expression rappelant un chant catholique interprété parfois aujourd'hui en Pologne pour exprimer le rejet de l'islam.
Outre les classiques "Dieu, honneur et patrie !" et "Gloire à nos héros !", des slogans xénophobes y ont été entendus comme "La Pologne pure, la Pologne blanche !" et "Foutez le camp avec vos réfugiés !".
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