Des missiles russes ont touché dimanche matin un complexe résidentiel proche du centre de Kiev, une tentative pour "intimider les Ukrainiens", selon le maire de la ville Vitaly Klitschko, quelques heures avant l'ouverture d'un sommet du G7 en Allemagne où il sera question de l'Ukraine.
Plusieurs explosions ont retenti à l'aube dans la capitale ukrainienne, qui avait été épargnée par les bombardements russes depuis début juin.
Fin avril, un autre bombardement russe avait touché le même complexe résidentiel dans la capitale pendant une visite du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
Une journaliste ukrainienne de Radio Liberty avait alors été tuée son appartement. Cette fois-ci, il s'agit "d'intimider les Ukrainiens (...) à l'approche du sommet de l'OTAN", organisation honnie par la Russie, a déclaré à des journalistes M. Klitschko qui s'est rendu sur le site.
Cette frappe russe a lieu effectivement non seulement quelques heures avant le G7, mais également à deux jours du sommet de l'Alliance atlantique, qui se tiendra du 28 au 30 juin à Madrid.
Pour commencer, les leaders des grandes puissances, dont le président américain Joe Biden, ont rendez-vous à partir de 10H00 GMT dans les Alpes bavaroises, pour le sommet annuel du club des sept pays industrialisés comprenant Allemagne, Canada, France, Italie, Japon, Royaume-Uni et Etats-Unis. M. Biden est arrivé samedi soir en Europe où il entend encore consolider, et sur la durée, les rangs des Occidentaux face à Moscou.
Outre la réunion du G7 au cours de laquelle l'aide à l'Ukraine doit être évoquée, il doit aussi se rendre à compter de mardi à Madrid, pour un sommet de l'OTAN.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a appelé samedi les dirigeants du G7 à ne pas "abandonner l'Ukraine", mettant en garde contre toute "fatigue" dans le soutien à Kiev et annonçant une aide économique supplémentaire pouvant atteindre 525 millions de dollars, pour porter le total à 1,8 milliard. "Tout signe de fatigue ou d'affaiblissement dans le soutien occidental à l'Ukraine jouera directement en faveur du président Poutine", a insisté Downing Street.
Et Downing Street a annoncé par ailleurs que les grandes puissances du G7, qui cherchent à intensifier la pression sur Moscou après quatre mois d'invasion de l'Ukraine, ont annoncé dimanche, au premier jour de leur sommet leur intention de bannir les importations d'or russe.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué samedi soir qu'il comptait participer au sommet du G7, relevant l'entrée du conflit dans le cinquième mois. Il doit prendre la parole lundi en visioconférence devant les dirigeants réunis en Allemagne et réclamer à nouveau l'envoi d'armes lourdes pour contrer la puissance de feu russe.
"C'est une telle étape dans la guerre - moralement difficile, émotionnellement difficile (...). Ce n'est pas simplement la destruction de nos infrastructures, c'est aussi la pression cynique, calculée sur les émotions de la population", a-t-il déploré. Mais "aucun missile ni bombardement russe ne brisera l'esprit des Ukrainiens". Il a aussi plaidé une nouvelle fois pour une assistance occidentale accrue en armements et en systèmes anti-aériens, jugeant les sanctions "insuffisantes".
Le président russe Vladimir Poutine a annoncé que son pays allait "dans les prochains mois" livrer au Bélarus, d'où des frappes ont été effectuées contre le territoire ukrainien, des missiles capables de transporter des charges nucléaires. Dans des déclarations qui risquent de tendre davantage encore les rapports entre Moscou et les Occidentaux, les deux dirigeants ont aussi dit vouloir moderniser l'aviation du Bélarus pour la rendre capable de transporter des armes nucléaires. Des attaques ont été menées depuis le Bélarus au tout début de l'invasion de l'Ukraine déclenchée le 24 février.
Les forces russes ont obtenu samedi d'importants succès militaires dans l'est de l'Ukraine, s'emparant totalement, à l'issue d'une bataille acharnée, de la ville stratégique de Severodonetsk et pénétrant dans celle voisine de Lyssytchansk, à l'entame du cinquième mois de conflit. Severodonetsk est "entièrement occupée par les Russes", a ainsi reconnu en fin d'après-midi son maire Oleksandre Striouk, au lendemain de l'annonce par l'armée ukrainienne de son retrait de cette cité d'environ 100.000 habitants avant la guerre pour mieux défendre la localité de Lyssytchansk, située sur la rive opposée de la rivière Donets.
Le gouverneur de la région de Lougansk Serguiï Gaïdaï a confirmé samedi soir l'occupation de Severodonetsk, soulignant que la ville était "détruite à 90%. Il sera très difficile d'y survivre". Selon lui, les Russes ont nommé un "commandant" pour cette cité dont il n'est possible de s'échapper "qu'à travers des territoires occupés". Les séparatistes prorusses ont parallèlement déclaré avoir "pris le contrôle total de la zone industrielle de l'usine Azot" à Severodonetsk et être entrés avec les militaires russes à Lyssytchansk. "Des combats de rue s'y déroulent actuellement", ont-ils ajouté, sans qu'une confirmation de source indépendante ne puisse être obtenue dans l'immédiat.
Une progression sur le terrain cruciale pour la Russie, qui veut conquérir l'intégralité du bassin industriel du Donbass, déjà partiellement aux mains des séparatistes prorusses depuis 2014.
"Tout le monde souffre. On essaie de survivre", confie Nina, 64 ans, retraitée qui pousse sa bicyclette à Seversk, près de la ligne de front. "Il n'y a pas d'eau (courante), pas de gaz, pas d'électricité. On vit sous les bombes depuis trois mois, c'est l'âge de pierre". "La ville est carrément morte et nous voudrions vivre un peu plus longtemps", se plaint Marina, 63 ans, ouvrière en retraite. "Ils sont juste en train de nous tuer, c'est dangereux partout".
Par ailleurs, à Kharkiv, dans le nord-est, deuxième plus grande métropole d'Ukraine, qui résiste à la pression des troupes russes depuis le début de l'offensive, les missiles s'abattent à nouveau quotidiennement sur le centre-ville.
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