La politique très accommodante de la Banque centrale européenne, qui vise à stimuler l'économie, ne peut être rendue responsable de tous les maux du secteur bancaire, a estimé jeudi son président dans une réponse indirecte aux multiples critiques en Allemagne.
"Nous sommes conscients du fait que la situation actuelle de taux d'intérêt négatifs va certainement avoir des conséquences qui s'apparenteront à des défis pour les banques", a admis Mario Draghi lors d'une conférence de presse à l'issue de la réunion du conseil des gouverneurs à Francfort (ouest).
Mais "pour le moment" la politique monétaire ne pose pas un problème de rentabilité aux banques de la zone euro, a-t-il estimé.
Si leurs bénéfices ont reculé de quelque 20% au premier trimestre sur un an, cela s'explique par les gains exceptionnels sur les capitaux réalisés par le secteur au moment du lancement des rachats massifs de titres de créances par la BCE, a-t-il dit.
La BCE pratique depuis juin 2014 un taux de dépôt négatif, actuellement fixé à 0,40%. Ce qui signifie que les banques qui déposent 100 euros auprès d'elle doivent payer une taxe de 40 centimes, l'idée étant qu'elles fassent circuler l'argent dans le circuit économique plutôt que de le stocker.
Le patron de la Deutsche Bank a récemment qualifié cette politique de "fatale" car elle entame la rentabilité des banques, et fait fondre l'épargne et les retraites des particuliers.
"Des taux d'intérêt bas ne doivent pas être utilisés comme une justification de tout ce qui fonctionne mal aujourd'hui", a déclaré M. Draghi.
Les politiques budgétaires ont aussi un grand rôle à jouer dans la reprise de l'économie, a-t-il réaffirmé, saluant au passage la déclaration ce week-end des grands argentiers du G20 qui ont appelé à recourir davantage aux dépenses publiques pour stimuler la conjoncture.
Pour lui, "une politique budgétaire favorable à la croissance comprend des impôts et des dépenses publiques plus basses, et des investissements plus élevés".
Tous les pays "qui ont une marge de manoeuvre budgétaire devraient l'utiliser. L'Allemagne a une marge de manoeuvre budgétaire", a-t-il répondu alors qu'un journaliste lui demandait si l'Allemagne investissait suffisamment pour aider l'économie.
Le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble a déclaré disposer d'une marge de manoeuvre budgétaire de 15 milliards d'euros pour 2017, dont une partie doit être utilisée pour des allègements fiscaux des foyers modestes.
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