Le président français François Hollande a mis en garde jeudi contre le double danger d'un enlisement économique de l'Europe dans la stagnation et d'une dilution de son projet politique ouvrant la voie aux égoïsmes et aux séparatismes.
L'Europe, elle doit être une protection, elle ne l'est pas aujourd'hui. En tout cas, elle n'est pas ressentie comme telle, a regretté le chef de l'Etat français au cours d'une conférence de presse semestrielle à Paris.
Si le projet européen se dilue, la voie est ouverte, et on la voit empruntée, aux égoïsmes, aux populismes, aux séparatismes, a-t-il déclaré, dans une allusion tout à la fois au référendum sur l'indépendance de l'Ecosse et à la montée des extrêmes sur le continent.
Tous les scrutins européens ne sonnent plus comme des avertissements, mais comme des tocsins, a souligné M. Hollande.
Qui peut dire ce que sera le résultat du référendum en Ecosse, qui peut décider de l'avenir du Royaume-Uni, mais aussi de celui de l'Europe, a-t-il ajouté.
Dans le contexte de croissance économique atone, le président français a mis en garde contre le danger pour le continent d'un scénario de fin de croissance.
Le danger, c'est l'enlisement des économies européennes dans la stagnation, c'est-à-dire un scénario de fin de croissance, l'austérité budgétaire se conjuguant avec un niveau élevé de l'euro et la faible inflation s'ajoutant à la faible croissance, a-t-il dit.
M. Hollande a réitéré son appel à une réorientation de l'Europe vers une véritable politique de croissance et d'emploi, estimant que la position de la France sur ce point commençait à être entendue.
Le président français en a voulu pour preuve la récente baisse des taux d'intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) ou la présentation par le président de la prochaine Commission européenne, Jean-Claude Juncker, d'un plan d'investissement de 300 milliards d'euros.
L'Europe ne peut pas vivre durablement avec une croissance ralentie quand il y a tant de chômage et de jeunes désemparés, a martelé M. Hollande.
Plaidant pour une Europe à plusieurs vitesses, où le couple franco-allemand doit être le moteur, il a exprimé le souhait que Paris aille plus loin avec Berlin.
La France est prête à de nouvelles initiatives (...) pour aller plus loin avec l'Allemagne dans des politiques intégrées, comme la transition énergétique, le numérique et les infrastructures, a-t-il dit.
Le discours sur l'Europe à plusieurs vitesses est tenu à intervalles réguliers depuis plusieurs années à Paris, notamment depuis l'abandon du projet de Constitution européenne, massivement rejeté en 2005 aux référendums organisés en France et aux Pays-Bas.
Dans sa précédente conférence de presse semestrielle, en janvier, le président Hollande avait prôné la création par la France et l'Allemagne d'un EADS de l'énergie, sur le modèle du groupe d'aéronautique et de défense Airbus (ex-EADS), un des plus grands succès industriels européens. A ce jour, ce nouveau projet ne s'est pas traduit par des annonces concrètes.
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