L'Est séparatiste prorusse de l'Ukraine s'enfonce dans la violence, avec onze nouveaux morts en 24 heures, alors qu'aucune date n'est avancée pour une réunion du groupe chargé des négociations de paix.
La montée des violences dans l'Est a été au coeur d'une nouvelle conversation téléphonique vendredi entre le président ukrainien Petro Porochenko et la chancelière allemande Angela Merkel.
Les deux chefs d'État se sont prononcés en faveur d'une désescalade et de l'arrêt immédiat du feu du côté des rebelles et appellent toutes les parties à faire des efforts pour éviter une aggravation du conflit, a assuré la présidence ukrainienne dans un communiqué.
Les deux responsables ont par ailleurs souligné la nécessité d'organiser le plus rapidement possible une nouvelle réunion du Groupe de contact trilatéral chargé de négociations de paix, selon la même source.
Ce groupe, composé de représentants de l'Ukraine, de la Russie et de l'OSCE et qui sert de médiateur avec les rebelles, s'est réuni le dernière fois à Minsk le 24 décembre, mais la date de la nouvelle rencontre demeure inconnue.
Une réunion était envisagée vendredi à Minsk, mais le représentant ukrainien a déclaré qu'elle n'avait aucun sens si les leaders rebelles n'y participaient pas en personne. Et ceux-ci n'ont dépêché dans la capitale du Bélarus que leurs représentants.
La diplomatie bélarusse a déclaré vendredi n'avoir aucune information sur la date de la prochaine réunion du groupe de contact.
Faute de progrès, un sommet de paix envisagé à Astana, au Kazakhstan, entre M. Porochenko, Mme Merkel, les présidents russe Vladimir Poutine et français François Hollande, est aussi en suspens.
Un communiqué de la présidence du Kazakhstan affirmait jeudi qu'il était supposé qu'elle se tiendrait fin janvier.
Sur le terrain, le bilan continue de s'alourdir. L'armée ukrainienne a fait état vendredi de six soldats tués en 24 heures et 18 blessés.
Cinq civils ont également péri, quatre à Donetsk, fief séparatiste, selon les autorités locales, et un cinquième a été tué selon Kiev lors du bombardement d'un barrage ukrainien près du village de Fachtchivka, dans la région de Lougansk, l'autre république sécessionniste de l'Est.
Depuis avril, plus de 4.800 personnes sont mortes -- civils et militaires -- dans les combats entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses.
Le coeur des combats reste la zone de l'aéroport Serge Prokofiev de Donetsk, où les séparatistes ont lancé une offensive depuis jeudi. Ils ont tenté, sans succès pour l'instant, de chasser les troupes ukrainiennes de ce site très largement détruit mais à l'importance aussi stratégique que symbolique.
Un nouvel assaut très intense a été lancé dès le matin (vendredi). Il y a des blessés de notre côté. Pas d'infos sur les morts pour l'instant, a affirmé Iouri Birioukov, un conseiller du président ukrainien Porochenko, sur sa page Facebook.
Les combats sont vraiment intenses, la situation est la pire depuis fin septembre, a-t-il estimé.
Kiev a également fait état d'une accumulation de véhicules blindés des rebelles le long de la ligne de front dans la région de Donetsk.
Dans la ville de Gorlivka, une colonne de chars longue de 3 kilomètres qui se dirigeait vers les positions ukrainiennes a notamment été découverte, a affirmé le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko.
Kiev et l'Occident accusent la Russie d'armer les rebelles et d'avoir déployé des troupes régulières dans l'Est de l'Ukraine, ce que Moscou dément.
La Russie, qui a aussi annexé la péninsule ukrainienne de Crimée en mars, est ainsi frappée par de lourdes sanctions économiques occidentales, qui ont contribué à déclencher dans ce pays la pire crise économique depuis 16 ans.
Alors que certains membres de l'Union européenne sont favorables à un adoucissement de ces sanctions, voire à leur levée, la chancelière Merkel a quant à elle assuré qu'elle allaient être maintenues.
Les sanctions ne sont pas une fin en soi, mais les raisons pour lesquelles elles ont été décidées n'ont pas disparues, a-t-elle fait valoir dans une interview au journal Frankfurter Allgemeine Zeitung publiée vendredi.
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