Les créanciers de la Grèce pourraient enfin s'entendre lundi après-midi à Bruxelles sur un allègement de sa dette abyssale et le déblocage de nouveaux prêts, Athènes ayant en contrepartie adopté des mesures d'austérité.
Un tel accord, attendu depuis des mois, écarterait le spectre renaissant d'un "Grexit", et serait donc un soulagement pour la zone euro.
"Cette fois-ci, ils vont tout faire pour y arriver", assure une source européenne, qui s'attend à voir les débats s'éterniser dans la soirée de lundi, peut-être durant la nuit, voire jusqu'à mardi.
"Je sens chez tous les acteurs, sans exception, la volonté de parvenir a un accord", a déclaré lundi le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici. "Nous sommes vraiment sur l'approche de la piste d'atterrissage", a-t-il affirmé.
Selon son entourage, le président français Emmanuel Macron a réaffirmé dans la matinée au Premier ministre grec Alexis Tsipras, lors d'un entretien téléphonique, vouloir "trouver un accord prochainement pour alléger dans la durée le poids de la dette".
Autour de la table à Bruxelles, entre autres, les 19 ministres des Finances de la zone euro réunis en Eurogroupe, et le Fonds monétaire international (FMI), impliqués dans le troisième plan d'aide de 86 milliards d'euros accordé à Athènes en juillet 2015.
Voilà des mois que ce plan patine, les créanciers ne parvenant pas à s'entendre sur la capacité du pays à faire face à son énorme dette publique (179% du PIB).
Très préoccupé, le FMI refuse de mettre la main à la poche dans le cadre du plan de sauvetage si des mesures facilitant ce remboursement ne sont pas accordées par les Européens.
Une éventualité que l'Allemagne, à quelques mois d'élections législatives cruciales, a jusqu'à présent balayée d'un revers de main... Tout en considérant dans le même temps le FMI indispensable à la poursuite du programme.
Le temps presse pour Athènes, qui a besoin d'argent pour rembourser en juillet sept milliards d'euros d'anciennes créances. Or sans accord sur la dette, pas de nouvelle tranche d'aide...
Pour contenter ses créanciers, le gouvernement de gauche d'Alexis Tsipras s'est résolu à soumettre à son Parlement de nouvelles mesures d'austérité, adoptées dans la douleur le 18 mai dernier, malgré des grèves et des manifestations.
Au total, 4,9 milliards d'euros d'économies, via de nouvelles coupes dans les retraites et des hausses d'impôts.
Ces mesures de rigueur devront être appliquées non pas pendant le plan actuel, qui court jusqu'en 2018, mais dans les trois années suivantes, soit entre 2019 et 2021.
"Il n'y a plus d'excuses pour tergiverser encore sur la question de l'allègement de la dette", a déclaré dimanche le ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos, estimant que son pays avait "totalement rempli ses obligations et à temps".
"Ce que le gouvernement et le Parlement grec ont décidé est considérable, cela va dans la bonne direction", lui a répondu lundi le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, lors d'une conférence de presse commune à Berlin avec le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire, tout juste nommé à Bercy.
L'Allemagne et la France sont les principaux créanciers de la Grèce.
Selon Pierre Moscovici, un accord pourrait inclure des mesures sur l'allongement des maturités de la dette ou sur la diminution des taux d'intérêt mais, a-t-il assuré, "il n'y aura pas (...) de renoncement à la dette" car "les Etats-membres n'y sont pas prêts".
Soumis à une stricte austérité depuis l'éclosion de la crise de la dette en 2010, la Grèce peine à sortir de la récession: le PIB a reculé de 0,5% sur un an au premier trimestre, après une croissance zéro en 2016.
Si un accord était trouvé lundi, celui-ci devrait encore être approuvé par le Conseil des gouverneurs du FMI, sans doute en juin.
Objectif, une fois l'actuel plan d'aide achevé: un retour de la Grèce sur les marchés d'emprunt pour se financer.
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