Le pape François entame samedi à Vilnius une tournée dans les pays baltes, radicalement transformés depuis la chute du communisme, au moment où l'Eglise universelle affronte une série de scandales de pédophilie.
En quatre jours, le souverain pontife parcourra la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie, qui, aujourd'hui ancrées en Occident, portent encore les cicatrices de l'occupation allemande et soviétique.
Ce voyage le conduira tout près de la Russie, objet de patients efforts de la diplomatie vaticane qui cherche depuis des années à organiser une visite du souverain pontife à Moscou.
Le pape se rend dans les trois pays baltes dans l'année du centenaire de leur indépendance, obtenue à l'issue de la Première Guerre mondiale.
Le siècle écoulé y a été marqué par l'invasion nazie, qui a détruit presque toutes les communautés juives, et la longue occupation soviétique.
Martyrisée avec des centaines de prêtres arrêtés et déportés au Goulag, l'Eglise catholique a joué un rôle important dans la résistance pacifique au régime totalitaire stalinien, surtout en Lituanie, où, selon le Vatican, près de 80% des 2,8 millions d'habitants se réclament du catholicisme. Ils ne sont que 21% en Lettonie sur une population de 1,9 million, et 0,5% en Estonie, sur 1,3 million d'habitants.
François visitera deux cellules et une salle d'exécution dans l'ancien bâtiment du KGB, la police politique soviétique, à Vilnius, et ira prier au mémorial des victimes de l'Holocauste.
L'ancien pape polonais Jean-Paul II avait visité les pays baltes en 1993, deux ans après qu'ils avaient retrouvé l'indépendance.
Ils ont depuis rejoint l'Union européenne, la zone euro et l'Otan, s'efforçant d'oublier le demi-siècle de soviétisation.
Ils ont connu une croissance économique rapide, mais aussi l'apparition d'inégalités sociales et une migration massive de jeunes vers l'Occident, qui pose un sérieux problème.
En Lituanie, le caractère catholique du pays est visible à l’œil nu avec des croix et des chapelles qui parsèment les campagnes, et l'Eglise reste influente dans la vie politique.
Elle s'est par exemple opposée à la ratification de la Convention d'Istanbul contre la violence à l'égard des femmes, jugeant que ce texte propose une "idéologie du genre" et risque de saper la structure familiale traditionnelle.
Mais son aura subit actuellement les effets de la crise mondiale due aux abus sexuels de prêtres à l'égard de mineurs. Le pape lui-même est visé par des critiques qui lui reprochent d'avoir ignoré des accusations visant un cardinal américain.
En Lettonie, un prêtre catholique a été arrêté ce mois-ci sous l'accusation d'avoir violé un handicapé mental. En mars dernier, un cas d'abus sexuel remontant aux années 70 a été admis par l'Eglise en Lituanie.
Les paroles du pape, s'il aborde cette problématique, seront entendues sur tous les continents.
La Lettonie, lundi, et l'Estonie, mardi, seront des étapes particulières, car les catholiques y sont peu nombreux et le souverain pontife aura des rencontres œcuméniques avec les protestants et les orthodoxes. En Lettonie, les fidèles de Rome sont concentrés dans la région de Latgale, au sud-est du pays. C'est là que le pape visitera la basilique de l'Assomption d'Aglona, le centre du catholicisme du pays.
Quant aux six mille catholiques estoniens, ils espèrent que sa venue contribuera à donner à leur pays son premier saint, le jésuite allemand Eduard Profittlich, évêque arrêté par les Soviétiques, condamné à mort et décédé en détention en 1942. S'il est canonisé, la communauté catholique estonienne sera probablement la plus petite au monde à avoir son propre saint.
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