Le gouvernement portugais a présenté vendredi soir un projet de budget pour 2018 qui, grâce à une embellie de la conjoncture économique, doit lui permettre de continuer à la fois de réduire le déficit et de desserrer la ceinture des ménages.
Au bout de longues tractations avec ses alliés de la gauche radicale, le gouvernement socialiste a bouclé une loi de finances qui prévoit une baisse de l'impôt sur le revenu, une hausse des retraites et le dégel des promotions dans la fonction publique.
Dans le même temps, il s'engage à réduire le déficit public d'un peu plus de 700 millions d'euros, à 1% du produit intérieur brut (PIB) en 2018, contre 1,4% cette année, et à ramener la dette à 123,5% du PIB, contre 126,2% à la fin 2017.
Tirée par le tourisme et la reprise dans l'Espagne voisine, son principal partenaire commercial, l'économie portugaise devrait afficher cette année une croissance de 2,6%, contre 1,4% en 2016, puis de 2,2% en 2018.
"Cette année, nous aurons certainement la plus forte croissance économique depuis le début du siècle et, encore une fois, le déficit le plus bas de notre démocratie", instaurée en 1974, a déclaré vendredi le Premier ministre Antonio Costa, quelques heures avant la présentation du budget par son ministre des Finances Mario Centeno.
En 2016, le déficit a été ramené à 2% du PIB, passant pour la première fois depuis la création de la zone euro sous la barre des 3% fixée par les règles budgétaires européennes.
"Nous sommes sur le bon chemin", a souligné le chef du gouvernement avant d'énumérer ses priorités: "augmenter les revenus des familles, permettre aux entreprises d'investir, améliorer la qualité des services publics et de la protection sociale".
Pour l'opposition de droite, "ce budget se concentre sur le présent et n'offre pas des solutions d'avenir", a regretté l'ancienne ministre des Finances Maria Luis Albuquerque, en affirmant que le niveau d’imposition global des Portugais allait augmenter par le biais des impôts indirects.
Arrivés au pouvoir en novembre 2015 grâce au soutien de la gauche radicale, les socialistes s'étaient alors engagés à "tourner la page" de la politique d'austérité mise en œuvre par la droite à partir de 2011, quand le pays s'est retrouvé sous la tutelle de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI).
En échange d'un prêt de 78 milliards d'euros, qui a permis d'assurer le financement de l’État et du système bancaire, le Portugal avait dû appliquer un vaste programme de rigueur budgétaire et de réformes économiques sur trois ans.
Depuis que les socialistes sont revenus aux affaires, le pays enchaîne les bonnes nouvelles économiques, avec notamment un chômage au plus bas depuis près de dix ans et qui, selon les prévisions inscrites au budget, poursuivra sa baisse à 9,2% cette année, puis à 8,6% en 2018.
Devant ce scénario favorable, les alliés du gouvernement, qui aura besoin de leurs voix pour faire adopter le budget au Parlement le 28 novembre, lui ont arraché plusieurs concessions en faveur des fonctionnaires et des retraités.
Afin d'augmenter la pression pendant les discussions budgétaires, le principal syndicat de fonctionnaires a annoncé une grève pour le 27 octobre, tandis que les médecins et les enseignants ont prévu d'organiser leurs propres mouvements sociaux dans les prochaines semaines.
Le Parti socialiste vient de remporter une nette victoire lors des municipales du 1er octobre et apparaît largement en tête des sondages de popularité. De son côté, le principal parti d'opposition de droite sera occupé jusqu'en janvier à désigner le successeur de son chef de file, l'ancien Premier ministre Pedro Passos Coelho, qui a jeté l'éponge après sa déroute aux municipales.
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