La Grèce s'est engagée à présenter dans les tout prochains jours une "liste complète de réformes" à ses partenaires européens, pour reprendre la main et obtenir le plus rapidement possible l'argent dont elle a cruellement besoin pour éviter l'asphyxie financière.
Athènes présentera "une liste complète de réformes précises dans les prochains jours", ont annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi les institutions européennes, qui avaient jusqu'alors fait état de "progrès minimes" sur ce point épineux, qui conditionne le versement au pays d'une aide vitale.
La Grèce "aura la main sur les réformes", et les engagements pris lors de l'Eurogroupe du 20 février ont été réaffirmés, ajoute le texte publié par le Conseil, la Commission et l'Eurogroupe.
Cette décision a remis "sur les rails" le sauvetage du pays et la poursuite de ses réformes, a estimé le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, qui avait demandé un mini-sommet pour plaider sa cause.
"Il est clair que la Grèce n'aura pas à prendre des mesures récessives", a-t-il affirmé, au terme de cette rencontre qui avait pour ambition de débloquer les négociations sur le sauvetage financier de son pays. Y participaient la chancelière allemande Angela Merkel, le président français François Hollande, le président du Conseil Donald Tusk et les présidents de la Commission, Jean-Claude Juncker, de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, et de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.
Après plus de trois heures de discussions, les responsables européens et M. Tsipras ont reconfirmé les termes de l'accord du 20 février, il y a un mois jour pour jour, prévoyant que la Grèce poursuive les réformes en échange de son maintien sous perfusion.
"Nous avons voulu reconfirmer cet accord et demander même qu'il soit accéléré, c'est-à-dire qu'il puisse y avoir des réformes qui soient présentées le plus tôt possible par le gouvernement grec", a résumé François Hollande.
Mais "nous n'avons pas parlé de chiffres ou d'engagements précis", a indiqué Angela Merkel, en reconnaissant que la situation financière de la Grèce "n'est pas facile". Mais "l'argent ne pourra être versé que lorsque les engagements auront été respectés".
Si les discussions avancent assez vite, une réunion des ministres des Finances de la zone euro devrait être organisée très rapidement, peut-être dès la semaine prochaine.
Le temps presse. Selon des analystes, la fuite des capitaux s'accélère dans le pays, et quelque 300 mio EUR ont été retirés des comptes bancaires dans la seule journée de mercredi.
La Grèce doit faire face à des échéances de remboursement: dès vendredi une tranche de prêts de plus de 330 mio EUR au FMI, avant un renouvellement de bons du Trésor pour 1,6 milliard la semaine prochaine. Mais les caisses pourraient être complètement vides en avril.
Le vice-Premier ministre, Ioannis Dragasakis, a reconnu que son pays avait un "problème de liquidités". Athènes "a probablement besoin d'un apport d'argent frais de 2-3 milliards d'euros", estiment les analystes de la banque Berenberg.
Le gouvernement grec compte donc sur le versement de la dernière tranche du plan de quelque 240 mrd EUR dont la Grèce bénéficie depuis 2010, soit un peu plus de 7 mrd. Athènes souhaite notamment que la BCE débourse rapidement 1,9 mrd EUR correspondant à des intérêts sur des obligations.
"Tous les participants ont confirmé leur disposition à travailler pour que soit rétablie le plus vite possible la capacité de financement de l'économie grecque", a dit M. Tsipras. Il compte aussi sur le prochain déblocage par la Commission européenne "de fortes sommes" de fonds structurels pour soutenir des programmes sociaux.
Le Premier ministre doit être reçu lundi pour la première fois à Berlin par son homologue allemande, alors que le climat est devenu particulièrement acrimonieux ces dernières semaines entre les deux capitales.
"On doit retrouver une sérénité dans ce dossier, cela va de l'avenir d'un pays et aussi de l'avenir de l'Union européenne", avait plaidé le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel.
Mercredi, M. Tsipras avait tenu une première promesse électorale en faisant voter une loi pour aider les plus durement touchés par la "crise humanitaire". "Ce qu'on demande à la Grèce, c'est qu'elle demande aux plus riches de payer des impôts", avait réagi François Hollande.
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