Pas loin de deux millions de touristes perdus en un an: la note est salée pour Paris et l'Ile-de-France où hôtels comme restaurants n'ont toujours pas retrouvé leurs clientèles étrangère et française après les attentats du 13 novembre 2015.
"Nous sommes forcés de constater l'impact désastreux des attentats terroristes qui ont touché notre pays sur les chiffres du tourisme", déclarait fin octobre le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, en charge du secteur.
Pour l'ensemble de l'Hexagone, les arrivées internationales entre le 1er janvier et le 31 octobre ont chuté de 8,1%, selon les données du gouvernement. Ce sont les Japonais (-39%) qui ont le plus déserté la France, suivis des Chinois (-23%), des Allemands (-10,8%) et des Américains (-4%).
Pour la seule région de Paris Ile-de-France, la baisse de fréquentation touristique se traduit par 1,8 million de touristes (étrangers et français) en moins sur les huit premiers mois de l'année, par rapport à la même période en 2015, indique à l'AFP Frédéric Valletoux, président du Comité régional du tourisme (CRT).
"Le manque à gagner est estimé à près d'un milliard d'euros. Et si on reste sur cette tendance, l'année 2016 se bouclera sur -1,5 milliard d'euros", déplore-t-il.
"On ne s'est pas relevés des attentats de novembre 2015, l'impact est durable et complètement inédit par son importance. Il y a vraiment besoin d'un plan Orsec pour l'emploi dans le tourisme et de mesures d'aides très concrètes, car beaucoup de petites entreprises ont un genou à terre", souligne M. Valletoux.
Même les grands palaces parisiens ont dû s'adapter au manque de clientèle: en août, certains ont ainsi fermé des étages entiers. Et "des contrats CDD n'ont pas été renouvelés", indique Christophe Laure, de la branche prestige de l'Umih, principale organisation de l'hôtellerie-restauration, selon lequel il faudra "entre 12 et 24 mois avant que la destination ne soit reconsidérée".
Constat similaire chez le géant AccorHotels, qui compte 400 établissements à Paris et fait état d'une baisse de 30% de sa clientèle loisirs au troisième trimestre.
Et quand l'hôtellerie souffre, "la restauration aussi par ricochet: elle est encore aujourd'hui touchée de plein fouet, à Paris et sur la Côte d'Azur, avec des baisses de chiffre d'affaires de -20% dans la capitale. Les mois de juillet, août, septembre ont été très mauvais pour ce secteur", relève le président de l'Umih, Roland Héguy.
Pour faire revenir les touristes échaudés par les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et aux abords du stade de France (130 morts), puis celui de Nice le 14 juillet dernier (86 morts), le gouvernement a débloqué en septembre 10 millions d'euros pour promouvoir la destination France.
Un comité interministériel sur le tourisme, piloté par Manuel Valls, se tiendra lundi, à l'issue duquel le gouvernement devrait annoncer des mesures en matière de sécurité, comme un renforcement des moyens sur les sites touristiques.
"La sécurité constitue le premier impératif", insiste l'Alliance 46.2, organisme qui réunit 20 grandes entreprises liées au tourisme (Galeries Lafayette, Kering, Elior, AccorHotels, Aéroports de Paris...) et qui propose la mise en place d'une "organisation spécifique" de la police, pour Paris et la petite couronne, ciblant notamment petits délinquants et bandes organisées qui détroussent les touristes.
Seul point positif dans le paysage, l'été n'a certes pas été faste pour l'hôtellerie mais il aura profité à AirBnb qui a enregistré entre juin et septembre une hausse d'activité de 20% en France, pour un total de 3,5 millions de voyageurs.
La plateforme de location d'appartements compte 80.000 chambres à Paris, contre 83.000 dans l'hôtellerie traditionnelle, une "concurrence" jugée "déloyale" par l'Umih.
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