L'Union européenne a péniblement adopté lundi des conclusions sur le processus de paix au Proche-Orient, certains Etats voulant atténuer les références aux violences exercées par les colons israéliens ou à l'étiquetage des produits issus des colonies.
Le long texte a été adopté par les 28 chefs de la diplomatie des pays de l'UE après une journée de négociations, alors qu'il devait initialement être validé sans débat à l'ouverture de leur réunion mensuelle à Bruxelles.
Lors d'une ultime relecture du texte au plus haut niveau, le ministre grec Nikos Kotzias a notamment exprimé des réserves sur les références aux violences exercées par certains colons à l'encontre des Palestiniens, dont certaines ont été abandonnées, a précisé un diplomate.
Et son homologue polonais, Witold Waszczykowski, a refusé une formulation insistant sur l'unité de l'UE sur la question de l'étiquetage des marchandises issues des colonies israéliennes, comme prévu dans la législation européenne depuis 2012.
Cette décision, vivement critiquée par Israël, a été remise sous les projecteurs avec la publication par la Commission européenne, le 11 novembre 2015, d'une notice explicative pour permettre aux Etats de l'UE de la mettre en oeuvre correctement.
En réponse, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait décidé de suspendre les contacts avec l'Union européenne sur le conflit israélo-palestinien, alors que Bruxelles cherche à relancer le processus de paix par l'intermédiaire du Quartette pour le Proche-Orient (qui regroupe l'Union, les États-Unis, l'ONU et la Russie).
L'UE condamne fortement les attaques terroristes et la violence de toutes les parties et dans toutes circonstances, y compris la mort d'enfants, selon la version finale du texte publiée lundi soir.
L'UE salue le progrès dans l'enquête sur Douma, concernant la mort d'une famille palestinienne après l'incendie de sa maison par des extrémistes juifs, et appelle Israël à faire répondre de leurs actes tous les auteurs de violences parmi les colons.
Elle condamne la colonisation illégale en droit international et critique les démolitions et confiscations, y compris de projets financés par l'UE, de même que les évictions de Palestiniens de certains villages, ainsi que les transferts forcés de Bédouins et les avant-postes illégaux.
Sur l'étiquetage, l'UE s'engage à une mise en oeuvre continue, pleine et effective de la législation existante de l'UE (....) applicable aux produits des colonies. Elle précise que ceci ne constitue pas un boycott d'Israël, auquel l'UE s'oppose fortement.
Seul un rétablissement d'un horizon politique et la reprise du dialogue peut arrêter la violence, estiment les 28 Etats de l'UE, alors que les pourparlers de paix sont au point mort depuis le printemps 2014, et que les violences entre Israéliens et Palestiniens font presque quotidiennement des victimes.
Notre position fondamentale c'est que la situation sur place est extrêmement tendue, dangereuse, dans une région qui est déjà très déstabilisée par de nombreux conflits, en particulier le conflit en Syrie, en Irak et au Yémen, et par la progression de Daech (l'organisation Etat islamique, ndlr) y compris en Egypte, dans le voisinage de Gaza, a expliqué le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Harlem Désir.
Donc aujourd'hui il n'y a qu'une solution (au conflit), fondée sur le principe des deux Etats, a-t-il poursuivi. Pour relancer le processus de paix, l'UE propose de mettre sur pied un groupe de soutien international, comme proposé par la France, ou d'organiser une conférence internationale.
Dans un communiqué à Jérusalem, le porte-parole des Affaires étrangères israéliennes, Emmanuel Nahshon, a déploré que l'UE continue à utiliser deux poids deux mesures en ne tenant pas compte de la responsabilité de l'Autorité palestinienne dans l'impasse politique actuelle et la campagne d'incitation à la violence qui encourage la vague de terrorisme palestinien.
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