Le gouvernement libéral danois cherchait un compromis mercredi avec un petit parti de la fragile majorité parlementaire de droite qui menace de le faire tomber, en liant son soutien au départ d'une ministre.
Le Parti populaire conservateur De Konservative exige la démission d'Eva Kjer Hansen, ministre de l'Environnement également chargé de l'Alimentation, et donc de l'Agriculture.
Son chef de file, Søren Pape Poulsen, l'accuse de céder au lobby paysan sur les normes encadrant l'utilisation des engrais, au mépris des risques de pollution des cours d'eau et nappes phréatiques.
Après avoir haussé le ton dès mardi soir en convoquant les partis qui le soutiennent au Folketing (le Parlement), le Premier ministre libéral Lars Løkke Rasmussen a joué l'apaisement au cours d'une conférence de presse mercredi à la mi-journée.
Tout en renouvelant sa confiance à sa ministre, il a souhaité tendre la main à M. Pape Poulsen et invité tous les partis de la majorité parlementaire au siège du gouvernement en fin d'après-midi.
À l'issue de près de deux heures d'échanges, M. Rasmussen a annoncé qu'un complément au projet de loi objet de la polémique serait négocié dans les prochains jours. La réunion a été constructive, ouverte et tournée vers l'avenir, a-t-il déclaré, sans évoquer le sort de Mme Kjer Hansen.
Søren Pape Poulsen a de son côté fait savoir qu'il n'avait pas changé d'avis quant au départ de Mme Kjer Hansen. Plus tôt dans la journée, il avait indiqué qu'il ne s'opposerait pas à son transfert dans un autre ministère.
Anders Samuelsen, patron de l'Alliance libérale, s'est félicité que la droite se soit donnée du temps pour écarter la menace d'implosion.
Au Parlement, M. Rasmussen, au pouvoir depuis juin, jouit certes d'une majorité absolue, mais étriquée, de 90 sièges sur 179.
Il peut compter sur le soutien de son propre parti (Venstre, 34 élus), du Parti populaire danois (DF), formation hostile à l'immigration forte de 37 parlementaires, de l'Alliance libérale (13 mandats) et de De Konservative (6 mandats).
Pour le politologue Thomas Larsen, la majorité traverse une crise explosive dont nul ne peut dire où elle va mener.
M. Pape Poulsen joue gros car, selon les analystes, en cas de nouvelles législatives, les électeurs pourraient lui reprocher d'avoir saboté une majorité parlementaire au sein de laquelle il joue un rôle mineur.
Il mise tout sur le fait que les électeurs lui seront reconnaissants d'avoir refusé de faire avaler des couleuvres au parti, juge Hans Engell, ancien ministre de la Défense conservateur, cité par l'agence de presse Ritzau.
Le quotidien Politiken relativise quant à lui les conséquences de ce qu'il qualifie d'incident baroque. Le Premier ministre va montrer aujourd'hui qu'il reste le meilleur joueur de poker politique du Danemark, écrit-il dans un éditorial.
L'opposition de gauche exige aussi la démission de la ministre qui, d'après DR, a maintenu ses rendez-vous mercredi.
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