Grèce : réouverture des banques, hausse de la TVA

20/07/2015
Grèce : réouverture des banques, hausse de la TVA

Clients devant un DAB à Athènes

Les Grecs ont repris lundi le chemin des banques rouvertes avec des services encore très limités, après trois semaines de fermeture ayant affaibli une économie qui encaisse également cette semaine le choc d'une importante hausse de TVA.

Toutes les succursales des banques du pays ont recommencé à accueillir les clients qui se sont présentés aux guichets en nombre.

Les services offerts restent en effet encore très limités, légèrement assouplis par rapport au contrôle des capitaux instauré depuis le 29 juin: plafonnement des retraits d'argent liquide à 60 euros par jour et limitation drastique des virements vers l'étranger.

Les Grecs peuvent recommencer à utiliser leurs cartes de crédit pour des achats à l'étranger. Des exceptions sont aussi créées pour ceux devant payer des soins médicaux ou des études hors de Grèce.

Louka Katseli, présidente de l'Union des banques grecques et de la Banque nationale de Grèce, l'un des quatre principaux groupements bancaires du pays, a appelé les usagers à ramener leurs économies dans les banques pour soutenir la solvabilité du système.

"Si nous sortons l'argent de nos coffres-forts et de nos maisons -où de toute façon, il n'est pas en sécurité - et que nous le déposons dans les banques, nous renforçons la liquidité" de l'économie, a-t-elle déclaré sur la chaîne de télévision Mega, rappelant que quelque 40 milliards d'euros avaient été retirés des banques grecques depuis décembre, dégradant considérablement leur situation.

La TVA passe elle lundi de 13% à 23% pour les denrées non périssables et la restauration, mais aussi les courses de taxis, les préservatifs, ou encore les enterrements.

Elle reste inchangée à 13% pour l'hôtellerie, et est légèrement réduite à 6% pour les médicaments, les livres et les places de spectacle.

Le gouvernement espère des recettes supplémentaires annuelles de quelque 2,4 milliards d'euros à partir de 2016 et de 795 millions d'euros cette année.

Le Parlement grec avait voté dans la douleur mercredi ces hausses de TVA, conformément aux engagements pris lors d'un sommet européen mouvementé à Bruxelles. En échange, ses partenaires ont promis un nouveau plan d'aide, le troisième depuis 2010.

Athènes va recevoir un prêt d'urgence de 7 milliards d'euros qui seront vite engloutis par un remboursement lundi à la Banque centrale européenne (4,2 milliards d'euros) et par le règlement d'arriérés auprès du Fonds monétaire international (2 milliards).

Malgré tout, la chancelière allemande Angela Merkel a répété dimanche son opposition à une réduction "classique" de la dette grecque. "Il ne peut pas y avoir dans l'union monétaire de 'haircut' classique, c'est-à-dire la réduction de 30, 40% de la dette", a-t-elle dit.

"La Grèce a déjà obtenu des allègements", a-t-elle rappelé. "Si l'examen du programme qui doit être négocié est réussi, nous pourrons de nouveau les évoquer."

Pour la première fois depuis des mois, des experts de la BCE, du FMI et de la Commission européenne, une formation auparavant appelée "troïka" et qui a symbolisé pour les Grecs une mise sous tutelle de leur pays, sont attendus à Athènes cette semaine. Ils devront évaluer l'état d'une économie grecque éprouvée par les restrictions financières.

La semaine sera aussi cruciale pour l'avenir du Premier ministre Alexis Tsipras. L'accord de Bruxelles exige le vote mercredi de nouvelles réformes (justice civile, législation bancaire).

Selon le journal Avgi, proche de Syriza, M. Tsipras veut faire de ce nouveau vote un "crash test" et démissionner si les défections augmentent. Mercredi dernier, il avait perdu 39 voix sur les 149 députés que compte son parti de gauche radicale, certains élus estimant qu'il avait trahi le référendum du 5 juillet. Les Grecs avaient alors massivement voté contre une poursuite de l'austérité. 

M. Tsipras a même enregistré les critiques du prix Nobel d'économie Paul Krugman, jusqu'à présent l'un des plus virulents contempteurs des mesures d'austérité imposées à Athènes: "J'ai peut-être surestimé la compétence du gouvernement grec." 

Les créanciers doivent de leur côté mettre sur les rails un nouveau plan d'aide à la Grèce, de plus de 80 milliards d'euros sur trois ans, en surmontant leurs divergences.

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