France : Hollande répond à Netanyahu

Le président français François Hollande comme son Premier ministre Manuel Valls ont appelé lundi les juifs à rester en France et à ne pas répondre à l'appel du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, au lendemain des attaques de Copenhague et de la plus grave profanation d'un cimetière juif en France depuis près de 25 ans.

Les juifs ont leur place en Europe et en particulier en France, a assuré le chef de l'Etat à l'adresse de cette communauté, la plus importante d'Europe avec 500.000 ou 600.000 membres, lors d'un déplacement près de Melun, au sud de Paris.

Je ne laisserai pas (passer) des paroles prononcées en Israël qui laisseraient penser que les Juifs n'auraient plus leur place en Europe et en France en particulier, a ajouté le chef de l'Etat. 

Le Premier ministre israélien avait appelé dimanche, au lendemain des fusillades de Copenhague qui ont fait deux morts, les Juifs européens à s'installer en masse en Israël. Il avait déjà irrité Paris en déclarant le 10 janvier aux juifs de France qu'Israël était leur foyer, après la prise d'otages dans un magasin cacher qui avait provoqué la mort de quatre juifs.

Le Premier ministre Manuel Valls a également assuré à l'intention de la communauté juive: la France est blessée comme vous, et la France ne veut pas votre départ. 

Elle vous dit une nouvelle fois son amour, son soutien et sa solidarité. Cet amour est bien plus fort que les actes de haine, fussent-ils répétés. Je regrette d'ailleurs les propos de Benjamin Netanyahu. Quand on est en campagne électorale, ça ne veut pas dire s'autoriser n'importe quelle déclaration. La place des Français juifs, c'est la France, a-t-il ajouté.

M. Valls a déclaré qu'il n'y avait pas de piste à ce stade sur la profanation de plusieurs centaines de tombes dans le cimetière juif de Sarre-Union, ainsi que d'un monument en mémoire des victimes de la Shoah.

Jacques Wolff, membre de l'une des deux dernières familles juives de la région, a affirmé que les pierres tombales avaient été fracassées et les plaques de marbre sont brisées.

Il s'agit de l'incident le plus grave depuis la profanation en 1990 du cimetière juif de Carpentras (sud) par des skinheads.

Selon le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), le nombre des actes antisémites a doublé en 2014 par rapport à 2013 en France, avec même une augmentation de 130% des actes avec violences physiques.

Manuel Valls a par ailleurs appelé l'islam de France à assumer ses responsabilités face à l'islamo-fascisme, expression encore inédite dans la bouche du Premier ministre.

Le Premier ministre a été critiqué par un ex-ministre socialiste des Affaires étrangères, Roland Dumas, 92 ans, qui a estimé que Manuel Valls était probablement sous l'influence de son épouse, Anne Gravoin, de confession juive. Les propos de M. Dumas ont été vivement dénoncés par la classe politique, le Parti socialiste au pouvoir les jugeant inacceptables.