Le président chypriote conservateur Nicos Anastasiades est arrivé en tête dimanche du premier tour de l'élection présidentielle, marqué par une forte abstention, et affrontera le candidat de gauche Stavros Malas pour diriger ce petit pays divisé depuis plus de 40 ans.
Donné favori par les sondages, le président sortant âgé de 71 ans a recueilli 35,50% des voix contre 30,25% pour son concurrent Stavros Malas, un ancien ministre de la Santé soutenu par le parti communiste Akel. Cet écart, moins important qu'attendu, promet un second tour serré le 4 février.
Les deux hommes, déjà finalistes de la précédente présidentielle en 2013, se sont engagés à relancer les pourparlers pour réunifier l'île méditerranéenne. Mais M. Malas a critiqué le président sortant pour ne pas être allé assez loin dans les négociations.
"La balance penche vers une solution" au problème chypriote, a déclaré à l'AFP l'analyste politique Christophoros Christophorou, en référence aux bons résultats des candidats pro-réunification. "Mais nous ne pouvons pas prévoir qu'un accord final sera conclu."
Du fait de la partition de l'île méditerranéenne, la République de Chypre - membre de l'Union européenne et de la zone euro - n'exerce son autorité que sur les deux tiers du territoire, dans le sud, où vivent les Chypriotes-grecs. Dans le tiers nord résident les Chypriotes-turcs qui sont administrés par la République turque de Chypre du Nord (RTCN), autoproclamée et reconnue uniquement par Ankara.
Après une campagne loin d'avoir suscité l'enthousiasme, le premier tour a été marqué par une forte abstention (28,13%), en nette hausse par rapport à 2013 (16,86%).
"Le peuple a parlé, une nouvelle majorité a exprimé son désir de changement", a lancé Stavros Malas après l'annonce des résultats, appelant à l'"unité nationale" pour le second tour.
Le report des voix, notamment celles de Nicolas Papadopoulos (centre), qui a totalité 25,74% des suffrages, constituera la clé de la victoire finale. Le parti d'extrême droite Elam, qui présentait un candidat pour la première fois, est arrivé en quatrième position avec 5,65% des suffrages.
"La marge entre Anastasiades et Malas n'étant pas très importante, chaque vote compte", souligne M. Christophorou.
Les questions économiques et sociales ont largement dominé la campagne, reléguant au second plan les pourparlers de réunification, au point mort suite à l'échec des négociations sous l'égide de l'ONU en 2017.
La division de Chypre, ancienne colonie britannique, perdure depuis 1974, quand des troupes turques ont envahi le tiers nord de l'île en réponse à un coup d'Etat à Nicosie, qui inquiétait la minorité turque.
Plus de 40 ans plus tard, la lassitude a gagné du terrain et le président élu devra relever un défi de taille pour convaincre les sceptiques, de plus en plus nombreux, en cas de reprise des pourparlers.
A la sortie des bureaux de vote à Nicosie, beaucoup d'électeurs ont affiché leur résignation.
"Certains Chypriotes sont lassés des politiciens. Cela fait maintenant 44 ans (que l'île est divisée), que les habitants entendent chaque jour la même chose. Leurs espoirs sont déçus", a déploré Andreas Sevastides, retraité de 68 ans.
Ancien avocat, homme à poigne réputé pragmatique, M. Anastasiades a fait valoir son bilan économique. Plombé par une grave crise en 2013, le pays a assisté ces dernières années à un redressement rapide, aidé par le boom du secteur touristique qui a connu en 2017 un record historique.
Malgré tout, la reprise reste relative, relèvent les experts, qui rappellent que l'économie est toujours en deçà de son niveau de 2012.
Le taux de chômage s'élevait ainsi à 11% fin 2017, soit le troisième plus important de l'UE, et à 25% chez les jeunes, selon Eurostat.
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