Deux semaines après sa victoire électorale étriquée, Angela Merkel entame dimanche de difficiles tractations en vue de former un gouvernement, avec d'abord le souci de mettre fin aux critiques à son encontre au sein de sa propre famille politique.
"Merkel est à un tournant", estime ce week-end le quotidien Bild, le plus lu d'Allemagne, à propos du vent de fronde en interne la concernant.
La chancelière, flanquée des principaux responsables de son parti démocrate-chrétien (CDU), dont le ministre des Finances Wolfgang Schäuble, se réunit à partir de la mi-journée à Berlin avec ses alliés bavarois de la CSU, conduits par Horst Seehofer.
Objectif: tenter de mettre fin aux dissensions entre les deux mouvements-frères, en particulier sur la politique migratoire généreuse d'Angela Merkel, et de trouver un accord sur un programme commun pour les 4 ans à venir.
La tâche ne s'annonce pas simple. "La CDU et la CSU ont rarement été aussi éloignées l'une de l'autre", estime le quotidien Süddeutsche Zeitung.
A défaut d'entente, les tractations ultérieures prévues à partir de la mi-octobre pour essayer de former une coalition majoritaire au Parlement avec les libéraux et les écologistes, les sociaux-démocrates ayant rejoint l'opposition, seraient condamnées à l'échec.
Angela Merkel a officialisé samedi sa volonté d'engager des discussions avec ces deux formations.
Or, le score décevant du camp conservateur lors des législatives du 24 septembre -le plus mauvais depuis 1949 avec 33%- provoque depuis des tensions au sein des deux formations et entre elles.
Avec une question centrale: faut-il ou non donner un coup de barre à droite suite à l'entrée de l'extrême droite de l'AfD à la chambre des députés et en finir avec le cap centriste suivi depuis 2005 par la chancelière ?
Fin septembre, l'aile la plus conservatrice des militants CDU lui avait demandé de quitter la présidence du parti, qu'elle occupe en parallèle à la chancellerie.
Le chef de l'organisation des jeunes de la CDU, qui s’est réunie en congrès samedi, Paul Ziemiak, a renchéri cette semaine en exigeant "de nouvelles figures" à la tête du parti et un "virage plus conservateur".
"Nous devons clairement énoncer nos erreurs: il est évident qu'une partie de nos électeurs ne se sentent plus suffisamment représentés", a-t-il expliqué.
Ces injonctions sont formulées par l'aile droite de la CDU, incarnée par Jens Spahn, et plus encore par la CSU bavaroise, qui conteste depuis deux ans l'accueil des migrants par la chancelière.
"Sans explication pour savoir si nous sommes encore programmatiquement frères, nous ne pourrons pas entamer de discussions" sur une coalition, a prévenu un ministre CSU, Alexander Dobrindt.
Lui-même contesté en interne après un score historiquement bas en Bavière fin septembre, le président de la CSU, Horst Seehofer, exige que les conservateurs allemands renforcent "leur flanc droit" pour contrer l'AfD.
Pomme de discorde principale: l'instauration exigée par la CSU d'un quota maximum de 200.000 réfugiés accueillis en Allemagne par an, dont ni la chancelière, ni les libéraux, ni les écologistes ne veulent entendre parler.
Selon la CSU, l'arrivée de plus d'un million de demandeurs d'asile en 2015 et 2016 a fait fuir une partie des électeurs conservateurs vers l'extrême droite.
Devant les jeunes de la CDU samedi, Mme Merkel a dit avoir bon espoir qu'un accord soit conclu "sans qu'aucun n'ait à se renier".
Le parti bavarois a avancé une formule de compromis possible: pas de plafonnement pour les personnes appelées à obtenir le statut de réfugié politique, seulement pour les autres migrants.
A cette divergence s'ajoutent d'autres sur les retraites, la sécurité intérieure ou la zone euro, la CSU refusant toute politique de redistribution en Europe.
Ces discussions sont menées avec en toile de fond la tenue à venir le 15 octobre d'une élection régionale en Basse-Saxe à haut risque pour la CDU: après avoir été longtemps donnée en tête dans les sondages, le parti est désormais au coude-à-coude avec les sociaux-démocrates.
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