Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a confirmé dimanche se représenter à la tête du Parti libéral-démocrate (PLD), espérant devenir le chef de gouvernement à la plus grande longévité et accomplir son rêve de réformer la Constitution pacifiste.
M. Abe, aux commandes depuis 2012 de cette formation conservatrice, est quasi assuré de remporter un troisième mandat. Il bénéficie du soutien de plusieurs factions face à son unique rival, l'ancien ministre de la Défense Shigeru Ishiba, lors du scrutin prévu le 20 septembre.
"J'ai pris la décision de diriger le Japon comme président du PLD et Premier ministre pour trois années supplémentaires, et fort de cette détermination, je suis candidat à l'élection du mois prochain", a déclaré le responsable nationaliste de 63 ans à l'occasion d'une conférence de presse télévisée.
Shinzo Abe, qui n'a pas réussi à redonner la vigueur espérée à la troisième économie du monde malgré une ambitieuse stratégie de relance, dite "abenomics", a promis de se focaliser sur les problèmes démographiques dans un archipel vieillissant, ainsi qu'à "la situation internationale tumultueuse".
Il y a quelques mois, son avenir paraissait pourtant très compromis: il était extrêmement fragilisé par plusieurs scandales de favoritisme, et la cote de popularité du gouvernement avait drastiquement chuté.
Au final, "sa victoire s'annonce écrasante, alors qu'il a obtenu le soutien d'une grande majorité de parlementaires", souligne Mikitaka Masuyama, professeur à l'Institut universitaire d'études politiques (GRIPS).
Le vote des parlementaires compte pour moitié dans l'élection, l'autre moitié relevant du choix des membres du LDP.
Le Premier ministre a d'ores et déjà annoncé sa volonté de faire avancer le débat sur la réforme de la Constitution pacifiste, son but ultime mais qui se heurte à l'opposition d'une majorité des citoyens.
Dans cette charte fondamentale dictée en 1947 par l'occupant américain après la reddition du Japon à la fin de la Seconde guerre mondiale, c'est l'article 9, consacrant la renonciation "à jamais" à la guerre, qu'il souhaite amender, les nationalistes y voyant une humiliation.
Pour de nombreux Japonais au contraire, cet article tourne la page de l'impérialisme et des atrocités de l'armée japonaise avant et pendant le conflit.
"Nous ne pouvons pas continuer à nous contenter de discuter (de la révision de la Constitution). Nous devons rapidement aboutir à une conclusion afin de soumettre un projet" dans les mois à venir au Parlement, a-t-il récemment déclaré.
"C'est un objectif politique de longue date" du LDP, a-t-il insisté.
Selon le professeur, M. Abe veut "clarifier le rôle des Forces d'auto-défense" (SDF, nom de l'armée japonaise)" qui se trouvent dans une zone grise, "et rien de plus", alors que l'autre candidat, M. Ishiba, privilégie une réforme plus radicale de la stratégie militaire.
Shinzo Abe, revenu au pouvoir fin 2012 après un éphémère premier mandat raté en 2006-2007, deviendra le Premier ministre japonais à la plus grande longévité s'il reste en poste au-delà de novembre 2019.
Il dépasserait alors le record de 2.886 jours à la tête du Japon, détrônant ainsi Taro Katsura qui a dirigé le gouvernement à trois reprises entre juin 1901 et février 1913.
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