Le président iranien Hassan Rohani entame lundi un voyage en Suisse et en Autriche jugé "d'une importance capitale" à Téhéran pour la coopération entre la République islamique et l'Europe après le retrait américain de l'accord sur le nucléaire iranien.
Attendu à Zurich, M. Rohani s'est envolé de Téhéran en début d'après-midi à la tête d'une importante délégation, selon la télévision d'Etat iranienne.
La visite en Suisse doit se prolonger mardi, et, selon les autorités autrichiennes, M. Rohani sera mercredi à Vienne, où a été scellé en juillet 2015 l'accord international sur le nucléaire.
Ce voyage sera "l'occasion de parler de l'avenir de l'accord", a dit M. Rohani avant de monter à bord de son avion.
"Dans le contexte actuel du retrait des États-Unis (...) et des négociations intenses entre l'Iran et l'Europe pour trouver les moyens de préserver cet accord", ce voyage "est d'une importance capitale en ce qu'il pourra fournir un tableau plus précis de la coopération entre l'Iran et l'Europe", a indiqué samedi l'agence semi-officielle Isna, en citant le porte-parole des Affaires étrangères iranien, Bahram Ghassemi.
L'Autriche assure depuis dimanche et pour six mois la présidence tournante de l'Union européenne (UE), et la Suisse représente les intérêts des États-Unis en Iran, en l'absence de relations diplomatiques entre ces deux pays.
Avec son ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, M. Rohani, conservateur modéré réélu en 2017 avec l'appui des réformateurs, a été le principal artisan iranien de l'accord de Vienne, dont il a fait la pierre angulaire de sa politique d'ouverture vers l'Occident, qui lui vaut d'être sévèrement critiqué par le camp ultraconservateur iranien.
Le président américain Donald Trump a sorti unilatéralement son pays en mai de l'accord, s'attirant les critiques des autres parties (Iran, Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie) à ce pacte validé par une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU.
Berlin, Pékin, Paris, Londres, Moscou, et l'UE (associée au suivi de l'accord) ne cessent de proclamer leur attachement au texte, qu'ils présentent comme une victoire diplomatique en matière de la lutte contre la prolifération nucléaire.
Mais la République islamique répète qu'elle ne s'y maintiendra pas contre ses intérêts.
Le retrait de Washington ouvre la voie à de nouvelles sanctions américaines contre Téhéran et les entreprises de pays tiers qui commercent avec l'Iran ou y investissent.
Alors que Téhéran se plaint de ne pas avoir récolté les promesses d'investissements auxquels il s'attendait après l'accord de Vienne, plusieurs grands groupes étrangers ont annoncé en juin leur intention de cesser toute activité en ou avec l'Iran par peur des sanctions à venir.
Le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a enjoint l'Europe de fournir des "garanties" de nature économique qui permettraient à l'Iran de rester partie à l'accord.
Faisant monter la pression, il a ordonné des préparatifs en vue d'une reprise rapide des activités nucléaires suspendues par l'Iran en vertu de l'accord de Vienne en cas d'échec des négociations avec l'UE.
M. Zarif a lui mis en garde le 24 juin contre un "échec" de l'accord de Vienne, affirmant qu'un tel scénario serait "très dangereux pour l'Iran" et que ce n'était "certainement pas la solution choisie par le système" politique iranien.
Début juin, M. Rohani s'était rendu en Chine pour des discussions sur l'avenir du texte avec ses homologues russe et chinois en marge d'un sommet international.
En Suisse, le dirigeant iranien doit rencontrer le président de la Confédération helvétique, Alain Berset. Pendant sa visite doit se tenir un forum économique irano-suisse sur l'alimentation et la santé.
Selon l'agence officielle Irna, le voyage devrait également être l'occasion de signer des accords de coopération économique.
A Vienne, M. Rohani doit rencontrer son homologue autrichien Alexander Van der Bellen et le chef du gouvernement Sebastian Kurz. Selon la presse autrichienne, plusieurs mémorandum de coopération économique doivent être signés dans l'idée d'apporter des gages à la préservation de l'accord de 2015.
Les États-Unis et certains pays européens comme la France accusent l'Iran de jouer un rôle déstabilisateur au Moyen-Orient (en Syrie, en Irak, au Liban ou encore au Yémen), ce dont Téhéran se défend farouchement.
M. Kurz, cité dimanche par l'agence autrichienne APA, a déclaré qu'il comptait parler "clairement" à M. Rohani "du rôle de l'Iran dans la région" et qu'il trouverait "des mots clairs sur la situation des droits de l'Homme" dans ce pays.
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