L’Inde vote dimanche pour le dernier jour de ses gigantesques élections législatives, marquées par une campagne acrimonieuse à l’issue de laquelle les nationalistes hindous de Narendra Modi espèrent être reconduits au pouvoir pour cinq ans.
Près de 120 millions d’électeurs, sur les 900 au total que compte la démocratie la plus peuplée du monde, sont appelés aux urnes dimanche pour la septième et dernière phase de ce plus grand scrutin de l’Histoire. En jeu au cours de cette journée, 59 sièges de députés sur 543, principalement situés dans le nord et l’est du pays notamment dans la circonscription du Premier ministre Modi.
En raison des dimensions géographiques et démographiques de l’Inde, géant d’Asie du Sud, les régions votent à tour de rôle depuis le 11 avril.
Des villages en haute altitude du Ladakh en passant par la poussiéreuse plaine du Gange ou les mégapoles polluées, la participation s’est établie à 66% aux précédentes phases du scrutin, un niveau habituel pour ces élections, temps fort de la vie de la troisième économie d’Asie.
Calcutta et la ville sacrée de Varanasi sont les principaux points d’attention de cette dernière journée de vote.
Dans la matinée, aucune violence majeure n’a été signalée à Calcutta, où partisans du Premier ministre sortant Narendra Modi et de l’opposition se sont affrontés dans des combats de rue cette semaine.
La police locale avait procédé à plus d’une centaine d’interpellations. En ce jour de vote, les forces de sécurité sont déployées en nombre dans la capitale du Bengale occidental (est) pour éviter de nouveaux heurts.
Au vu de la campagne électorale agressive qui tient en haleine la nation de 1,3 milliard d’habitants depuis des semaines, « le niveau de la politique indienne a gravement baissé », déclare à l’AFP Asit Banerjee, professeur d’histoire de Calcutta, en se rendant au bureau de vote.
« Le combat de boue sans fin et les déclarations vitupératrices ont imprégné la campagne », estime-t-il.
Le nationaliste hindou Narendra Modi brigue un deuxième mandat de cinq ans. Il a en face de lui une myriade de puissants partis régionaux décidés à le faire chuter, ainsi que l’historique parti du Congrès emmené par l’héritier Rahul Gandhi.
Natif du Gujarat (ouest) et vendeur de thé dans son enfance, le chef de gouvernement bénéficie d’une grande popularité due à ses origines modestes et à l’image d’homme fort qu’il cultive.
Les analystes doutent toutefois qu’il parvienne à réitérer son exploit de 2014 d’obtenir la majorité absolue avec son seul parti. Il pourrait devoir former une coalition pour se maintenir à son poste, ce qui constituerait un retour à la norme pour la politique indienne.
Le Premier ministre de 68 ans est personnellement à l’épreuve des urnes dimanche. Sa circonscription de Varanasi (Bénarès, nord), ville sacrée de l’hindouisme située sur le bord du Gange, vote à l’occasion de cette septième phase.
Sa formation, le Bharatiya Janata Party (BJP), a axé sa campagne sur la personne de Narendra Modi et la sécurité nationale, se présentant en rempart au Pakistan, plutôt que sur le développement de l’économie, programme qui l’avait propulsé au pouvoir il y a cinq ans.
Au lieu de défendre son bilan, Modi « a joué sur nos insécurités et fait vibrer nos peurs intérieures profondes », estime dimanche le commentateur politique Karan Thapar dans les colonnes du quotidien Hindustan Times.
« Son but était de nous rappeler la vulnérabilité de l’Inde. Il a donc attisé la peur, au point de créer la paranoïa », sans parler de sujets pressants comme la crise rurale ou le chômage, juge l’éditorialiste, égratignant aussi la campagne de Rahul Gandhi pour son manque de souffle.
Modi et Gandhi ont tous deux écumé l’Inde à un rythme effréné, échangeant des insultes à distance presque quotidiennement. Le nationaliste hindou a tenu au total 142 rassemblements au cours de la campagne, parfois même jusqu’à cinq par jour.
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